À Sokcho, petite ville portuaire proche de la Corée du Nord, une jeune Franco-coréenne qui n’est jamais allée en Europe rencontre un auteur de bande dessinée venu chercher l’inspiration depuis sa Normandie natale. C’est l’hiver, le froid ralentit tout, les poissons peuvent être venimeux, les corps douloureux, les malentendus suspendus, et l’encre coule sur le papier, implacable : un lien fragile se noue entre ces deux êtres aux cultures si différentes. Ce roman délicat comme la neige sur l’écume transporte le lecteur dans un univers d’une richesse et d’une originalité rares, à l’atmosphère puissante.
En prenant ce livre, je m'attendais à une description des différences entre la Corée du Nord et du Sud, l'histoire se passant à la frontière des deux pays de puis la séparation en 1953. Je m'attendais à beaucoup de pathos, une description déchirante des conditions actuelles d'une politique qui se tient sur un fil. Pas du tout, si vous vous attendez à ça, ce n'est pas le cas.
Bien sûr, le roman y fait référence, mais on se concentre sur la rencontre entre la franco-coréenne (on ne connait pas son nom, comme si elle état insignifiante) et Yann, le créateur de bande dessinée. Notre narratrice est effacée, elle raconte l'histoire mais n'est pas l'héroïne, nous montrant un aspect de la société coréenne qui donne de l'importance aux hommes alors que les femmes ne le deviennent à moitié que si elles se marient. D'ailleurs, plus d'une fois, on remarque que sa mère lui reproche de ne pas être assez bien, de ne pas manger suffisamment, de faire un travail médiocre et n'aspire qu'à son mariage, un mariage qui ne semble pas venir.
Ce roman me fait penser à Julien Gracq et son roman Le Rivage des Syrtes, où il ne se passait rien. Malgré tout, il se passe des choses dans ce roman, mais c'est banal, presque ennuyeux. Il n'y a pas de bonne surprise, de tragédie, c'est seulement une vie basique qui est décrite. On s'est habitué à lire des romans avec du suspense, des retournements de situations, des révélations en pagaille, alors que celui-ci reste neutre. N'est-ce pas une prise de risque ? Il nous appelle à la réflexion, malgré lui, alors que la lecture a été des plus faciles et plutôt rapide.
Ce court roman m'a pas mal surprise, finalement. C'est très ordinaire, mais dans une époque où on recherche des sensations fortes, il fait du bien à l'esprit.
Littérature francophone
140 pages
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